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Le syndrome fémoro-patellaire

Dernière mise à jour : 27 janv. 2022



Le syndrome douloureux fémoro-patellaire (SDFP) est l’une des causes les plus fréquentes de douleur antérieure du genou chez l’adolescent et l’adulte. De par son étiologie complexe, multifactorielle et encore mal comprise, sa prise en charge est un important challenge pour le praticien. Le diagnostic se fait principalement sur l’anamnèse et l’examen clinique du genou mais aussi de l’ensemble du membre inférieur, pouvant parfois nécessiter la réalisation d’une imagerie (...).




 

Le syndrome douloureux fémoro-patellaire (SDFP) constitue un des diagnostics les plus fréquemment posés en présence d’une douleur antérieure de genou chez l’adolescent et l’adulte. Plusieurs noms lui sont également attribués, comme le syndrome rotulien ou douleur fémoro-patellaire. Les plaintes des patients sont fortement en lien avec l’anatomie et les activités qu’ils réalisent. Le diagnostic mais surtout le traitement du SDFP constituent un challenge important pour le praticien confronté à cette pathologie encore mal comprise, dont la prise en charge doit être personnalisée.

 

Le syndrome fémoro-patellaire est décrit dans la littérature comme une douleur antérieure du genou provoquée par une augmentation de friction de la rotule (patella) dans la gorge de la trochlée fémorale.


Sa prévalence est élevée chez les adolescents et les adultes jeunes, 4 à 33% voire jusqu’à 45% chez les adolescents ; avec une apparition plus importante chez les femmes que chez les hommes. Ce syndrome est donc rencontré de façon fréquente chez le médecin généraliste et représente l’acteur principal de la prise en charge.


La définition de ce syndrome est clinique et donc repose essentiellement sur le médecin généraliste :


- douleur antérieure de genou ou rétro-patellaire, en l’absence d’autre pathologie spécifique évolutive,

- instabilité vraie ou ressentie (...).


 

ÉTAT DES LIEUX

 

Épidémiologie du syndrome fémoro-patellaire


Il s'agit d'une pathologie fréquente avec une prévalence allant de 4 à 33% voire jusqu’à 45% chez les adolescents. Cette pathologie touche particulièrement les jeunes femmes sportives.


Aux Pays-Bas où les patients ont directement accès à la kinésithérapie, les médecins généralistes voient six nouveaux cas de syndrome fémoro-patellaire par an. Dans une étude prospective menée sur 1020 soldats durant 3 mois de classe aux USA, 48 ont présenté un syndrome fémoro-patellaire. Dans une étude réalisée auprès de 586 adolescents Hongrois en 2004, la prévalence du syndrome fémoro-patellaire a été de 20,65%, sans différence significative entre homme et femme.


Selon Pourcher et D. Dejour, la prévalence est de 20% chez les adolescents et les adultes jeunes.


Dans une étude prospective américaine menée sur 1535 incorporés pendant deux ans, l'incidence du syndrome fémoro-patellaire a été de 22/1000 personnes/année, soit une prévalence d'environ 15% chez les femmes et 12% chez les hommes.


Une revue de la littérature anglaise, datant de 2008, montre que les sources de données concernent exclusivement la médecine du #sport et la médecine #militaire. Une prévalence de 25% a été citée dans 13 articles sur 40 mais les autres incidences étaient comprises entre 3% et 40% selon les articles.


En 2010, 97 279 recrues de l'#armée israélienne (équivalent des appelés) dont 18 338 femmes ont été incluses dans une étude rétrospective afin d'évaluer la prévalence des #douleurs #antérieures du #genou. Les patients présentant un genou traumatisé, opéré, une pathologie méniscale, une #épiphysite de croissance ou une #instabilité fémoro-patellaire étaient exclus.


La prévalence des douleurs antérieures du genou est de 4,15%, avec une différence significative chez les patients présentant des #pieds #plats. Les douleurs antérieures du genou semblent plus fréquentes chez le jeune homme que chez la jeune femme, contrairement à la majorité des études anglo-saxonnes.


 

Le syndrome fémoro-patellaire

 

Définition du syndrome fémoro-patellaire


Les douleurs antérieures du genou sont, après les #lombalgies, le motif de consultation le plus fréquent concernant l'appareil locomoteur. Parmi celles-ci, le syndrome douloureux fémoro-patellaire laisse perplexe, tant dans la difficulté diagnostique que dans la prise en charge. En effet, il n'existe actuellement aucun consensus quant à la définition de ce syndrome, sa physiopathologie ou son traitement.


Ce problème est fréquent et concerne deux types de population : les adolescents et jeunes adultes, souvent les filles et les sujets plus mûrs (60 ans).


Les pathologies du genou sont complexes et multifactorielles car elles font intervenir des structures multiples, #articulaires et #tendino-#musculaires. D'après Dupont, le syndrome douloureux antérieur du genou peut être qualifié de spécifique, lorsqu'il existe une cause précise aux douleurs, retrouvée à l'#examen clinique ou lors d'examens d'imagerie. Il s'agit des principaux diagnostics différentiels du syndrome fémoro-patellaire que nous détaillerons plus tard. Par opposition, on retrouve des syndromes douloureux antérieurs du genou non spécifiques en ce sens où il n'est pas retrouvé de causes précises aux douleurs évoquées par le patient.


D'après H. Dejour, le syndrome fémoro-patellaire est caractérisé par l'absence de tout épisode de #luxation ainsi que de toute anomalie morphologique, ce qui se rapproche de la définition de Dupont. Le syndrome fémoro-patellaire est décrit comme une douleur antérieure du genou provoquée par une friction anormale de la #rotule (#patella) dans la gorge de la #trochlée #fémorale, qui résulte de modifications biochimiques et/ou physiques de l’articulation fémoro-patellaire. Certains auteurs l’associent à un déséquilibre chronique des muscles des membres inférieurs.


Deux principales manifestations cliniques le caractérisent : l’instabilité et la douleur. La combinaison des deux est souvent présente mais, dans un certain nombre de cas, la gêne est provoquée par l’instabilité isolée ou par la douleur seule.


 

Physiopathologie du syndrome fémoro-patellaire

 

Chez les adolescents, ce syndrome est souvent dû à un #déséquilibre entre la #musculature #antérieure et #postérieure de la #cuisse. L’allongement du #fémur et la croissance de la rotule provoquent une #hypertension parfois douloureuse due à des #quadriceps trop raides et une rotule un peu haute.

Ce syndrome peut être dû aussi :


- à une augmentation de la #pratiquesportive ;

- à une surcharge #pondérale imposant des contraintes importantes au cartilage ;

- à une anomalie morphologique de la #rotule ou de la #trochlée.


Augmentation des contraintes articulaires


Plusieurs auteurs ont démontré par leurs études qu’une augmentation du #stress articulaire au niveau de l’Articulation Fémoro Patellaire (AFP) est une des causes principales d’apparition de syndrome fémoro-patellaire chez des patients prédisposés. Le stress articulaire de l’Articulation Fémoro Patellaire est déterminé en divisant la force de compression (FCP) par la surface de contact articulaire fémoro-patellaire


L’élévation du stress articulaire peut être liée à l’augmentation de la Fcp dépendante de la force de réaction du sol ou à la diminution de la zone de contact articulaire entre la patella et le #fémur ; elle peut aussi être liée à la combinaison des deux (...).


Une force importante sur une grande surface de contact reste toutefois moins délétère qu’une force moins importante sur une surface de contact moindre. L’augmentation de la Fcp est corrélée à l’augmentation de la #flexion de #genou, elle s’accroît également avec l’augmentation du niveau d’activités fonctionnelles comme la course ou le saut par exemple.


Une diminution de la surface de contact entre la patella et le fémur peut être associée à des anomalies anatomiques ou des anomalies fonctionnelles, incluant des anomalies osseuses ou des tissus mous en relation directe avec l’articulation fémoro-patellaire ou avec tout le membre inférieur.


Anomalies anatomiques osseuses, défaut d’alignement, dysplasie


On distingue les anomalies qui affectent directement l’articulation fémoro-patellaire, comme l’existence d’une #dysplasie osseuse de la trochlée fémorale ou de la patella. Il existe également des anomalies osseuses qui peuvent aussi affecter indirectement l’Articulation Fémoro Patellaire et la surface de contact articulaire en provoquant un mauvais alignement des membres inférieurs avec, par exemple, une torsion fémorale excessive, une angulation exagérée du genou en #varus ou #valgus, une rotation tibiale anormale ou un mauvais alignement du pied.


Les effets d’un mauvais alignement des membres inférieurs peuvent être résumés par le principe que le squelette dicte l’endroit où la charge croise l’articulation fémoro-patellaire.


Chaque variation à partir d’un alignement squelettique optimal peut conduire à l’action de forces anormales sur l’Articulation Fémoro Patellaire pouvant causer, soit une atteinte des tissus mous avec par conséquent une #subluxation de la #rotule, soit une atteinte cartilagineuse ; soit les deux.


Les principales anomalies osseuses pouvant entraîner un mauvais alignement sont :


Dysplasie de la trochlée et de la rotule


La présence d’une dysplasie diminue la congruence des surfaces articulaires et peut réduire la surface de contact articulaire. L’existence d’une dysplasie trochléenne est mise en évidence selon la classification de Dejour. Elle se caractérise sur une radiographie de genou de profil à 30° de flexion, où la forme de la trochlée est observée et permet de définir l’existence d’une dysplasie de trochlée en fonction de sa forme (...). La dysplasie osseuse de la trochlée a été associée à l’apparition d’#arthrose #fémoro-#patellaire et à l’instabilité patellaire objective.


Antéversion fémorale


L’antéversion fémorale normale est d’environ 15°, il existe des variations considérables entre 8 et 30° d’antéversion. Une antéversion anormale a été associée avec des douleurs antérieures de genou.


Position de la rotule : patella alta


La position de la patella reflète la longueur relative du tendon patellaire. Une patella alta réduit la surface de contact initial entre la patella et la trochlée fémorale et a été associée à l’instabilité patellaire. La patella alta est également associée à une augmentation du déplacement latéral et de l’inclinaison latérale de la patella lors de la contraction du #quadriceps.


Il faut toutefois rappeler que toute douleur antérieure de genou n’est pas forcément associée à une anomalie d’alignement de la rotule ou à des variations anatomiques. Réciproquement, un mauvais alignement de la rotule ne doit pas être considéré obligatoirement comme déclencheur de douleur antérieure de genou.


Anomalies fonctionnelles, déséquilibre musculaire



Un alignement anormal des membres inférieurs et une traction incorrecte de la rotule peuvent également être causés par un déséquilibre musculaire. Cette notion de déséquilibre fonctionnel d’origine musculaire est souvent citée dans la littérature et bénéficie de l’apport de l’iso cinétisme pour tenter de l’étudier de manière plus approfondie et objective. L’examen clinique reste donc un outil important de l’évaluation des troubles fonctionnels d’origine musculaire.


Les différents groupes musculaires participant à la dynamique fémoro-patellaire du genou peuvent être en cause :


Rôle du quadriceps


La faiblesse musculaire du quadriceps est souvent reconnue comme principale source du déséquilibre musculaire. En effet, l’#amyotrophie du quadriceps, notamment la faiblesse du vaste médial oblique par rapport au vaste latéral peut conduire à un déplacement latéral anormal de la rotule, qui peut provoquer une pression plus importante sur la partie latérale de l’AFP et donc, des douleurs.


Rôle des ischio-jambiers


Le mécanisme d’action de la faiblesse musculaire des ischio-jambiers sur l’apparition d’un SFP n’est pas complètement élucidé mais plusieurs études ont mis en évidence la responsabilité du déséquilibre musculaire agonistes/antagonistes entre le quadriceps et les #ischio-jambiers.


Rôle des muscles stabilisateurs de la hanche


Le muscle #psoas–#iliaque est un #fléchisseur de #hanche mais aussi secondairement un #rotateur externe du #fémur. Sa faiblesse musculaire peut déstabiliser le #bassin et obliger le sujet à compenser cette faiblesse musculaire par une bascule antérieure du bassin associée à une rotation interne du fémur.


Cette compensation va conduire à l’augmentation du valgus du genou donc à l’augmentation des contraintes articulaires dans la partie latérale de l’AFP. Une étude récente met en évidence une amyotrophie des muscles abducteurs et rotateurs externes de hanche, avec en premier lieu, le moyen fessier chez les individus présentant un SFP.


Le #moyen #fessier, qui est un #abducteur, mais aussi un rotateur externe de hanche est un stabilisateur important du bassin. Sa faiblesse musculaire peut favoriser une #adduction et une rotation interne augmentées du fémur qui contribuent à un valgus fonctionnel exagéré du genou. Powers et al. ont démontré qu’une rotation interne et une adduction de hanche augmentées durant la marche sont un facteur de risque de développement d’un SFP par le valgus fonctionnel excessif de genou engendré.


 

Terrain du syndrome fémoro-patellaire


 

Le syndrome fémoro-patellaire est souvent défini comme le syndrome de la jeune fille adolescente. En réalité, l’incidence du syndrome fémoro-patellaire est plus importante chez les femmes que chez les hommes sans distinction d’âge. En effet, deux femmes sont atteintes par le syndrome fémoro-patellaire pour un homme, quel que soit leur âge. Il ne faut donc pas limiter le #diagnostic du syndrome fémoro-patellaire chez cette population jeune et y penser même chez un homme adulte.


 

Symptômes du syndrome fémoro-patellaire

 

Le #syndrome #rotulien peut toucher alternativement l’un ou l’autre des genoux. Il s’accompagne de douleurs diverses :


- au niveau du genou, de la rotule, douleur d’#effort mais aussi au #repos ;

- en avant du genou, parfois en interne ou même irradiées dans toutes les structures anatomiques de cette articulation ;

- ressenties comme une #brûlure, des piqûres voire comme une sensation d’étau ;

- variables dans le temps et dans l’espace pas toujours ressentie pour le même effort ni au même endroit ;

- liées aux accroupissements prolongés, au relevé de la position assise, à la montée ou descente d’escaliers, impression d’instabilité.


En pratique, face à un patient, il faut rechercher différents signes.


Tout d’abord à l’interrogatoire :


DOULEUR


- la date d’apparition ;

- la notion éventuelle de traumatisme initial, sportif ou autre ;

- la rapidité d’installation, aiguë, rapide ou progressive ;

- ses facteurs déclenchants, lors de la marche, dans les escaliers (montée ou descente), la nuit … ;

- son évolution dans le temps ;

- et enfin l’état actuel et l’importance du retentissement de ce trouble sur le patient.


La douleur du syndrome fémoro-patellaire est volontiers antérieure ou antéro-interne, pouvant évoquer une #lésion #méniscale interne. Cette douleur est augmentée par la station assise prolongée (signe du cinéma), augmentée par la course à pied ainsi que les montées /descentes.


Puis rechercher l’INSTABILITE.


Une instabilité oriente le diagnostic vers une étiologie ligamentaire. Les dérobements sont plutôt d’origine musculaire ou rotulienne, avec une sensation de genou qui « lâche », par sidération musculaire consécutive à la douleur.


Puis un GONFLEMENT.


Il est bien entendu en rapport avec un épanchement, le plus souvent synovial. Sa présence traduit une réaction inflammatoire du genou, dont il convient de rechercher la cause.


Enfin un BLOCAGE.


Il faut bien différencier le vrai #blocage, dû à une cause mécanique intra articulaire : anse de seau méniscale, corps étranger libre dans l’articulation. C’est l’impossibilité à étendre le genou, alors que la flexion reste possible. Le vrai blocage se produit donc en extension.


Les « faux » blocages se produisent quant à eux, en flexion, dans des circonstances très variables. Ils peuvent persister plusieurs heures. Ils sont évocateurs d’une étiologie rotulienne.

 

Diagnostic du syndrome fémoro-patellaire

 

Le diagnostic se pose surtout à l’interrogatoire. Au niveau de l’examen physique, on va surtout éliminer les diagnostics différentiels.


L’interrogatoire


L’interrogatoire est essentiel et permet souvent d’orienter le diagnostic.


Le sujet se plaint généralement d’une douleur antérieure du genou, derrière la rotule ou autour de celle-ci. Cette douleur peut être difficile à localiser et les patients peuvent décrire un cercle avec leur doigt autour de la patella, appelé le « circlesign ». Unilatérale ou bilatérale, elle apparaît souvent de manière insidieuse et peut être très fluctuante en termes de fréquence et d’intensité. Un des signes caractéristiques est qu’elle augmente généralement en position assise prolongée («signe du cinéma») ou lors de la montée/descente des escaliers.


Comme vu précédemment, ces situations augmentent la force de pression de la #rotule sur le #fémur. Cette douleur peut s’exacerber lors de la marche rapide, la #course à pied ou toute autre #activité #physique impliquant une #flexion du #genou. Fréquemment, elle ne survient que lors de la course à pied, après quelques dizaines de minutes et disparaît quelques heures après la fin de l’activité.


Une sensation d’instabilité subjective de la rotule est parfois présente, associée ou non à des défauts de glissement (bruits articulaires, accrochages, ressauts, pseudo blocages). Il est important de déterminer si un antécédent de subluxation est présent car une instabilité patellaire peut être associée au syndrome fémoro-patellaire.


Enfin, un antécédent de traumatisme direct avec impact sur la rotule doit être pris en compte. Il est important de ne pas banaliser les plaintes car cette pathologie peut fortement influencer le moral des patients et diminuer significativement leur qualité de vie comme toute douleur chronique.


L’examen physique


L’examen physique est toujours comparatif bilatéral et ne se limite pas à l’articulation fémoro-patellaire mais concerne tout le membre inférieur.


Examen de la marche


L’examen clinique doit débuter par un examen de la marche à l’œil nu du sujet déshabillé. Une boiterie peut être retrouvée, une asymétrie du pas et un trouble de la rotation des membres inférieurs facilement mis en évidence.


Examen des morphotypes


- Dans le plan frontal : il est analysé en position debout talons joints avec les pieds reproduisant l’angle du pas habituel du sujet et consiste à la recherche d’un varus ou d’un valgus chiffrés en centimètres d’écart inter condylien, genou en extension à 0°. L’étude du morphotype frontal peut également s’effectuer en décubitus dorsal, pieds parallèles à plat face à l’examinateur à la recherche d’un strabisme de la rotule .


- Dans le plan sagittal : on recherche un morphotype en flexum ou recurvatum dans la position debout, talons joints, genoux en arrière de la ligne reliant grand trochanter, condyle externe et malléole externe. Un recurvatum inférieur ou égal à 15° peut être considéré comme physiologique. Au-delà, il est pathologique.


Trophicité musculaire


L’état de trophicité musculaire est important à rechercher : une méthode objective consiste à mesurer la périmétrie de la cuisse à 5, 10 et 15 cm du bord supérieur de la rotule de manière comparative. La mesure à 5 cm du bord supérieur de la rotule est plus spécifique du vaste médial.


Une #amyotrophie peut être retrouvée du coté symptomatique par rapport au coté opposé ou de manière générale en cas d’atteinte bilatérale. Cette mesure a surtout un intérêt dans le suivi objectif de l’évolution de la trophicité musculaire pendant le traitement rééducatif.


Ainsi, on teste les muscles stabilisateurs du genou comme le quadriceps et les ischio- jambiers mais il ne faut pas négliger les stabilisateurs de hanche avec le moyen fessier et le #psoas, vu leur importance #biomécanique dans l’#équilibre musculaire des membres inférieurs.


Évaluation de la trophicité du genou


Une hydarthrose est mise en évidence par la recherche d’un choc rotulien ou du comblement des culs-de-sac sous quadricipitaux. Elle signe la présence de lésions cartilagineuses.


Recherche de douleurs péri patellaires


On effectue la palpation des facettes articulaires de la patella à la recherche des douleurs péri-patellaires. La paume de la main subluxe en dedans la patella tandis que les doigts de l’examinateur introduits en crochet sous la patella, palpent la facette rotulienne interne à sa partie inférieure.


La palpation du versant externe s’effectue en subluxant la patella en dehors et en palpant la partie inférieure du versant externe. Cette manœuvre n’est positive que si elle déclenche les douleurs habituellement ressenties par le patient.


Le signe de Smilie


C’est un signe pathognomonique de l’instabilité rotulienne lorsqu’il est positif [29]. L’examinateur subluxe la patella en dehors tout en fléchissant le genou du sujet (...). Le signe est positif lorsqu’il déclenche une nette appréhension du patient qui ressent l’impression d’une luxation imminente. On ne recherche pas de douleur par ce test mais bien une sensation d’instabilité.


Mesure de l’inclinaison patellaire


La mesure de l’inclinaison patellaire s’effectue genou en extension. Un excès d’inclinaison latérale de la patella peut conduire à l’augmentation de stress articulaire entre la facette latérale de la patella et la gorge latérale de la trochlée. La rétraction excessive des structures latérales empêche le bon déroulement de l’entrée de la rotule dans la gorge de la trochlée lorsque l’inclinaison latérale de la patella dépasse 20° dans le plan frontal. Ce test possède 92% de spécificité pour le SFP selon Haim et al..


Le signe de Zohlen


Le sujet est en décubitus dorsal, #genou en extension. L’examinateur abaisse et maintient la rotule tout en demandant au sujet de contracter le #quadriceps. Comme la palpation des facettes articulaires de la rotule, ce signe n’est positif que s’il déclenche la #douleur ressentie habituellement par le patient en position debout prolongé.


Le signe du rabot


Le signe du rabot est peu spécifique et ne suffit pas à lui seul à affirmer un syndrome fémoro-patellaire. Il est recherché sur un genou en extension ; l’examinateur appuie la patella sur la surface trochléenne du fémur en lui imprimant des mouvements de va et vient dans le sens longitudinal et transversal. Il est positif lorsqu’il s’accompagne de #craquements qui traduisent l’altération des surfaces cartilagineuses rotulienne et/ou trochléenne (...). Ces craquements peuvent s’accompagner d’une douleur similaire à la douleur habituelle du patient.


Le signe de l’engagement


La douleur du syndrome rotulien est reconnue par le patient lors d’un mouvement de flexion passive du genou tout en tenant la pointe de la rotule.


 

Diagnostics différentiels du syndrome fémoro patellaire

 

Les diagnostics différentiels sont assez nombreux et ne doivent pas être ignorés.


Insertions tendineuses


- Tendinite patellaire.

- Bursite des tendons de la patte d’oie.

- #Tendinite quadricipitale.

- Instabilité/déchirure du #ligament fémoro-patellaire médial.

- Syndrome de la bandelette #ilio-#tibiale.


Inflammations


- #Arthrite fémoro-patellaire.

- Bursite pré patellaire.

- #Bursite infra, supra patellaire.

- Maladie de Hoffa.


Pathologies articulaires


- Lésionméniscale.

- Plicamédiopatellaire.

- Lésion cartilagineuse focale.

- #Arthrose fémoro-patellaire.

- Chondromalacie.

- Synovite villonodulaire pigmentée.


Lésions osseuses


- Pathologie tumorale.

- Ostéochondrite disséquante.

- Dysplasie trochléenne.

- Patella bipartite.

- Tumeurs osseuses et exostoses.


Fractures et apophysites


- Maladie d’#Osgood-#Schlatter.

- Maladie de #Sinding-#Larsen-Johansson.


Douleurs référées


- Subluxation tibiofibulaire.

- Articulation #coxo-fémorale.

- #Lombaire (radiculopathie L2-L3-L4).


Syndrome #douloureux régional complexe (#algoneurodystrophie)


 

Traitement du syndrome fémoro-patellaire dans les dernières études

 

Traitement fonctionnel rééducatif


Les programmes de #rééducation visant à traiter les douleurs antérieures de genou ont démontré leur grande efficacité. Il convient de rappeler que l’existence d’une dysplasie de la trochlée ou de la rotule est un facteur important limitant l’efficacité de ce type de traitement. La prescription de programme de traitement individualisé pour chaque patient semble fondamentale.


Taping de la patella


Une diminution significative des douleurs peut être obtenue avec le taping de Mc Connell. Ce type de #bandage (#taping) du genou s’effectue depuis la partie latérale de la patella et permet de déplacer médialement la patella, en l’attachant aux tissus mous médiaux du genou, corrigeant artificiellement la traction latérale exagérée de la patella (...).


Renforcement musculaire


Le #renforcement des #muscles amyotrophiés prend une part importante dans le traitement fonctionnel. Les déséquilibres musculaires entre quadriceps et #ischio-jambiers dans le plan sagittal mais aussi entre vaste médial oblique et vaste latéral du #quadriceps dans le plan frontal dus à l’#amyotrophie de certains muscles ou à leur retard d’activation sont une cause importante de l’augmentation du #stress articulaire au niveau de l’AFP.


L’importance de l’insuffisance musculaire des extenseurs de genou dans l’apparition du SFP et la nécessité de leur renforcement musculaire n’est plus à démontrer, mais le déficit de #force des fléchisseurs de genou a également été mis en cause de manière objective récemment, par évaluation iso cinétique notamment, dans un certain nombre de cas de SFP. Ces dernières études renforcent le concept de la nécessité de ne pas se focaliser sur le renforcement du quadriceps lors de la rééducation des SFP.


Le renforcement des ischio-jambiers a donc également une place importante dans le programme global de rééducation du SFP. D’autre part, Powers a montré qu’un #valgus de #genou excessif est relié à la diminution de la force musculaire des muscles fixateurs de #hanche et contribue à augmenter le nombre de #blessures de genou comme la #rupture de #ligament croisé antérieur (#LCA) ou l’apparition d’un syndrome fémoro-patellaire.


Une force augmentée des #abducteurs de #hanche avec le #moyenfessier en tête contribue à diminuer le valgus du genou dans le plan frontal et donc le risque d’apparition de SFP ou l’importance de symptômes douloureux qui en découlent. C’est pourquoi le renforcement musculaire des abducteurs de hanche et notamment du moyen fessier a également une place privilégiée dans le programme de rééducation du SFP.


Pour #étirer ces muscles, une technique #myofasciale (#fascias) est appliquée par le thérapeute, prolongée au domicile par l’apprentissage d’auto exercices. Par exemple, on montre au patient comment placer un #rouleau de mousse, (#Foam #Roller - Foam Roller) perpendiculairement au tenseur du #fascia lata (#TFL) (soit perpendiculaire à l’axe de la cuisse) en se positionnant en décubitus latéral et comment rouler dans un mouvement de va-et-vient sur le tenseur du fascia lata.


L’apprentissage d’auto exercices permet au patient d’être acteur de sa rééducation et de la

poursuivre au domicile (...)


Traitements fonctionnels complémentaires


- Mobilisation douce de la patella : un mouvement limité de la patella sur le fémur nécessite une mobilisation douce qui peut se faire sur un patient en décubitus dorsal avec un appui sous le genou, la patella étant déplacée doucement dans toutes les directions pour trouver la limitation, puis mobilisée doucement dans la direction de la résistance ;


- Travail #proprioceptif : au cours du programme de rééducation fonctionnelle, un travail de #proprioception doit être effectué avec un entraînement utilisant des plans sagittaux, frontaux et transverses pour créer un ensemble fonctionnel permettant aux patients de progresser dans leurs activités normales tridimensionnelles.


 

Traitement chirurgical

 

En cas de présence d’une instabilité patellaire objective sur dysplasie ou de persistance de douleurs invalidantes malgré un traitement fonctionnel bien conduit, le traitement chirurgical est indiqué. Il est toujours précédé par la réalisation d’un traitement rééducatif fonctionnel.


Indications du traitement chirurgical


Dans un article récent, Fithian pose les questions auxquelles on doit répondre actuellement avant de débuter le traitement du SFP :


quelles anomalies anatomiques doivent être corrigées, de manière isolée ou combinée avec d’autres réparations chirurgicales pour prévenir une récidive de l’instabilité patellaire objective ?

Quels sont les bénéfices et les risques des différentes techniques chirurgicales par rapport à l’évolution naturelle de cette instabilité, sachant qu’une minorité des patients présentant un épisode d’instabilité patellaire objective récidivent et que le traitement chirurgical ne donne pas toujours des résultats supérieurs au traitement conservateur ?

Des études à ce sujet méritent encore d’être menées. C’est la raison pour laquelle les recommandations de traitement doivent être fondées sur le risque individuel de luxation récidivante, la douleur et le handicap entraîné par l’instabilité patellaire et sur une compréhension approfondie de l’anatomie de l’AFP, avec des objectifs de traitement clairement définis.


 

Traitement médicamenteux

 

Le rôle des AINS per os ne semble guère primordial en dehors de la phase aiguë. Il n’existe pas de bénéfice évident à associer à quelque thérapie que ce soit une prise d’AINS per os à moyen ou long terme ; les groupes sans médication anti-inflammatoire n’ont jamais évolué plus défavorablement au cours du temps que ceux avec. L’utilisation d’#AINS peut tout de même se justifier à court terme en phase aiguë, en particulier en cas de #tendinopathie d’accompagnement.


Le rôle des glycosaminoglycanes en #injection intramusculaire ou surtout intra articulaire aurait été démontré lorsqu’un dommage cartilagineux est objectivé par imagerie ou #arthroscopie et, dans ce dernier cas, le contrôle arthroscopique à 12 mois est significativement favorable en termes de stade chondropathique ou de qualité de cartilage après traitement (...).


Lire aussi :




 

Le syndrome fémoro-patellaire en médecine de ville : technique du patient standardisé. Médecine humaine et pathologie. 2015. ⟨dumas-01231011⟩

Mieux comprendre le syndrome douloureux fémoro-patellaire… pour mieux le traiter Mathieu Saubade, Gérald Gremion, Robin Martin, Alexandre Becker - Rev Med Suisse 2014 ; volume 10. 1451-1456

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