Lésions et déchirures méniscales
Le genou est une articulation très sollicitée, la déchirure méniscale peut survenir au cours d'une activité sportive, de contact ou non, mais aussi dans des mouvements inappropriés ou excessifs du genou dans la vie quotidienne. Des professions où l’on travaille principalement à genou ou accroupis (plombiers, carreleurs…) sont réputées pourvoyeuses de lésions méniscales.
Plus de 80 % des blessures des recrues surviennent au membre inférieur.
(Image du Centre de santé publique de l'Armée)
La bonne intégrité des ménisques est capitale puisque ceux-ci ont un rôle stabilisateur du genou mais aussi de protection dans la longévité du cartilage du genou (arthrose prématurée du genou).
Le genou possède 2 ménisques, un ménisque interne et un ménisque externe. Les ménisques sont des fibro-cartilages en forme de demi-lune interposés entre le tibia et le fémur et qui laissent persister un contact entre ces deux structures.
Le ménisque interne en forme de « C » a sa corne postérieure la plus volumineuse, elle joue un rôle de stabilisateur dans la rotation externe du tibia en flexion.
Le ménisque externe en forme de « O » est plus fermé que le ménisque interne. Au niveau des surfaces externes, il transforme la convexité du plateau tibial externe en une cavité épousant mieux le condyle externe lui aussi convexe.
Macroscopiquement, au niveau des ménisques, on distingue 3 parties :
- la corne antérieure,
- la corne moyenne
- et la corne postérieure.
La vascularisation méniscale s’effectue à partir de sa périphérie (mur méniscal) alors que son bord libre n’est pas vascularisé et présente donc une aptitude à cicatriser nettement moins bonne que la périphérie.
Les lésions méniscales
La lésion du #ménisque interne est 5 fois plus fréquente que celle du ménisque externe, parfois associée à des lésions ligamentaires.
Dans le cas de mécanisme par rotation externe de la jambe, c'est le ménisque interne le plus vulnérable. Dans le cas de rotation interne, c'est le ménisque externe qui est menacé.
On distingue plusieurs types de lésions méniscales :
- Chez le sujet jeune, sur ménisque sain, lors d’un traumatisme sportif, entraînant de violentes #douleurs et parfois des #blocages du genou
- Chez le sujet plutôt d’âge mûr au-delà de 45 ans, sur ménisque dit « dégénératif ».
Devant chaque suspicion d'une lésion méniscale l’ostéopathe vérifie la stabilité du genou par testing.
Les lésions traumatiques du ménisque interne
Plutôt chez l’adulte jeune présentant un épisode douloureux après un mouvement forcé en se relevant d’une position accroupie, prolongée ou lors d’une rotation externe en charge.
Cet épisode peut entraîner un blocage immédiat de l’extension. Ce tableau est alors souvent pathognomonique de la lésion méniscale dite en « anse de seau », le ménisque s’interposant entre le condyle et le plateau #tibial, limite l’extension mais n’empêche pas une #flexion à peu près normale.
Le plus souvent, après le premier accident douloureux, il existe d’autres épisodes de douleurs internes vives accompagnées d’épanchement. Ensuite, des crises répétées peuvent à leur tour aboutir à un blocage du #genou vers l’extension comme décrit ci-dessus.
Lors de ces #blocages, ceux-ci peuvent se réduire spontanément ou après une manœuvre de réduction (flexion et rotation). Lorsqu’il est irréductible, il entraîne une marche en #flexum du genou, le patient marchant sur la pointe des pieds. A part le cas particulier des blocages méniscaux, le diagnostic de lésions méniscales est parfois plus difficile à faire à l’examen clinique.
Il faut néanmoins toujours penser à un éventuel antécédent d’entorse du genou accompagnée d’une lésion du ligament croisé antérieur passé inaperçue. La libération d’une bandelette méniscale peut également entraîner des épisodes d’instabilité en rapport avec l’interposition du fragment méniscal entre les surfaces articulaires en présence.
Le patient ressent un dérobement pouvant survenir lors de la marche en ligne droite, une sensation différente d'une lésion ligamentaire accidentelle (#ligament #croisé antérieur ou #LCA), lors d’une réception d'un saut ou d’un changement de direction.
Tests et manœuvres
L’#ostéopathe peut retrouver une #amyotrophie quadricipale en rapport avec la #lésion intra-articulaire et un petit épanchement (hydarthrose) signant une pathologie intra-articulaire. En cas de kyste méniscal, l’ostéopathe peut observer chez les sujets minces une tuméfaction de l’interligne #fémoro-#tibial externe (ou interne).
En cas de lésion méniscale, la mobilité du genou peut être conservée. Cependant, le plus souvent il existe une limitation douloureuse en flexion ou en extension.
Un #flexum vrai peut être observé dans les lésions en anse de seau qui sont associées à un véritable blocage en extension. La palpation, le genou à 90° de flexion, permet parfois de relever une douleur très ponctuelle au niveau de l’interligne interne (en particulier au niveau de sa partie postérieure).
Certaines manœuvres particulières peuvent mettre en évidence une lésion méniscale :
La manœuvre de Apley (ou Grinding test), de Mac Murray, le test de Genety (limitation de l’extension " flexum" ) ;
La #marche en « canard » (marche accroupie en hyperflexion avec rotation en charge) peut être douloureuse voire impossible en cas de lésion postérieure du #ménisque #interne. En cas de lésion isolée du ménisque interne, les tests de stabilité ligamentaire sont normaux.
Examens complémentaires
Radiographies. #IRM (efficace pour mettre en évidence les lésions méniscales et décrire les différents stades de lésions méniscales dont seul le dernier stade est susceptible de bénéficier d’un traitement chirurgical).
Les lésions dégénératives du ménisque interne
Chez les adultes plus âgés (40 à 50 ans) dont le morphotype est souvent en genou varum. Le début est souvent plus progressif, mais il peut également exister un traumatisme démasquant la lésion (rotation externe). La symptomatologie douloureuse interne prédomine avec des plaintes de type inflammatoire (douleurs nocturnes).
Une #arthrose est plus souvent retrouvée, le patient peut d’ailleurs parfois consulter pour une #douleur du creux poplité provoquée par un #kyste #poplité. Celui-ci témoigne d’un épanchement intra-articulaire en rapport avec un phénomène irritatif intra-articulaire.
Des impressions de #dérobement ou d’instabilité sont fréquentes.
Tests et manœuvres
L’ostéopathe va rechercher systématiquement un genou varum, une atrophie quadricipitale. Un déficit d’extension (flexum) est plus rarement retrouvé. La flexion complète peut être douloureuse. Lors de la palpation par l’ostéopathe, l’interligne interne est douloureuse et associée à une hydarthrose. On peut constater l’existence d’un kyste poplité.
Les #tests #méniscaux de Mac Murray et le Grinding Test sont souvent retrouvés et orientent le diagnostic.
Examens complémentaires
Radiologie, Goniométrie des membres inférieurs, IRM
Traitement médical et chirurgical
Dans ce cas il s’agit d’un stade de pré-#arthrose, la lésion méniscale est en fait souvent le témoin d’un phénomène dégénératif. Il peut cependant exister des lésions traumatiques sur ménisque dégénératif. Lors des crises douloureuses, on associe anti-inflammatoires, antalgiques, glaçage. On a parfois recours à des infiltrations soit en intra-articulaire, soit au niveau du mur méniscal.
On ne doit pas dépasser trois infiltrations au total. En cas de non-réponse au traitement et si la symptomatologie est importante (boiterie, arrêt du sport, gène quotidienne, crises articulaires douloureuses, blocage), deux attitudes sont possibles : la #méniscectomie arthroscopique et l’ostéotomie correctrice.
Ces deux types d’attitude thérapeutique ne dispensent pas du traitement de fond. Des conseils d’hygiène de vie, en particulier la diminution des sports de contact ou sollicitant particulièrement le genou en #rotation, peuvent éviter les crises douloureuses.
Lésions méniscales externes
Ces lésions peuvent se rencontrer à tout âge. Souvent il n’existe pas d’accident initial précis, le tableau est beaucoup plus atypique, le #diagnostic est souvent difficile.
Les douleurs siègent au niveau de la face externe du genou et parfois projetées en postéro-externe vers la tête du péroné, parfois vers l’interligne articulaire interne et parfois vers la région antérieure du genou (diagnostic différentiel : pathologie de l’appareil extenseur). Ces douleurs liées à la pratique d’un sport apparaissent souvent à la fin de celui-ci.
Le patient peut signaler des épisodes :
D’épanchement récidivant ou un kyste poplité
Signaler un ressaut qui peut être audible.
Des épisodes de dérobement, d’instabilité ou de blocage partiel du genou.
Les sensations de dérangement interne sont plus fréquentes que pour le ménisque interne, des épisodes de blocage aigu sont exceptionnels. On peut découvrir un kyste méniscal externe sous forme d’une tuméfaction de la face externe du genou.
Tests et manœuvres
La mobilité peut être légèrement limitée en flexion et accompagnée d’une douleur. La palpation se pratique genou fléchi à 90° à la recherche d’un point douloureux méniscal externe électif. Cette douleur peut être réveillée lors de la palpation de l’interligne externe en effectuant des mouvements de flexion-extension. Également, l’ostéopathe tente de retrouver la présence d’un kyste méniscal apparaissant sous la forme d’une saillie à la face externe du genou pouvant atteindre la taille d’une noix (tuméfaction) et disparaissant souvent en flexion forcée.
La manœuvre de Cabot. Le Grinding Test peut être douloureux lors de mouvements de rotation externe (corne antérieure) ou rotation interne (corne postérieure).
Lors de mouvements de flexion-extension du genou associés à des rotations, on peut retrouver un ressaut.
Examens complémentaires
Bilan radiographique (normal), IRM (examen de choix)
Traitements chirurgicaux
Méniscectomie arthroscopique
Lorsque la symptomatologie est très invalidante. Le résultat de la méniscectomie externe est cependant moins favorable que celui de la méniscectomie interne et elle peut être suivie de lésions chondrales du #condyle externe. Certaines désinsertions postérieures du ménisque externe peuvent également bénéficier d’une suture.
Traitement des formes cliniques particulières
Les ménisques discoïdes, lorsqu’ils sont symptomatiques, peuvent bénéficier d’un traitement par méniscectomie très partielle permettant de redonner une forme plus anatomique au ménisque.
Les kystes méniscaux externes sont traités par une méniscectomie permettant de perméabiliser le kyste vers l’intérieur du genou.
Dans des #genoux #valgum marqués, on peut également observer des méniscoses externes dont le traitement est le même que celui des ménisques dégénératifs internes.
Lire aussi :
Vrancken, Crijns, Ploegmakers, O’Kane, Van Tienen, Janssen, Buma and Verdonschot. 3D geometry analysis of the medial meniscus – a statistical shape modeling approach. J. Anat. (2014) 225, pp395-402 doi: 10.1111/joa.12223
http://www.chups.jussieu.fr UPMC - Université Pierre et Marie Curie - Paris 6