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Éreutophobie et hypnose

Dernière mise à jour : 29 sept.


Éreutophobie et hypnose
Ereutophobie et hypnose

L'éreutophobie, également connue sous le nom d'érythrophobie, est un trouble anxieux caractérisé par une crainte obsessionnelle de rougir en public, faisant partie des phobies sociales. Les individus atteints de ce trouble ont tendance à rougir facilement, ce qui entrave leurs interactions sociales, alimentant la peur d'être jugés négativement. Les efforts pour contrôler le rougissement peuvent souvent aggraver la situation, conduisant à l'évitement progressif de situations sociales et à une réduction significative de la vie sociale.



Fréquence :


Il existe peu d'études scientifiques qui fournissent des chiffres précis sur la prévalence de l'éreutophobie, il est estimé que cette phobie touche environ 1% de la population, avec une incidence potentiellement plus élevée chez les jeunes adultes. Les hommes et les femmes sont également touchés de manière équivalente.


Origines :


Le rougissement facile peut être lié à des causes biologiques, notamment l'implication du système nerveux sympathique, atteignant son maximum à l'adolescence et diminuant progressivement avec l'âge. L'éreutophobie, en tant que trouble anxieux, est souvent caractérisée par une hyper-conscience de soi, résultant de divers facteurs psychologiques et sociaux. Ces éléments contribuent à la crainte obsessionnelle de rougir en public, entraînant des comportements d'évitement et des répercussions importantes sur la vie sociale de l'individu. Une explication des composants psychologiques et sociaux associés à l'éreutophobie :


Manque de confiance en soi :


L'éreutophobie est fréquemment liée à un manque de confiance en soi. Les individus qui en souffrent peuvent avoir une perception négative de leurs compétences sociales, de leur apparence physique, ou craindre d'être jugés par les autres. Ce manque de confiance en soi peut amplifier l'anxiété sociale, contribuant ainsi à la peur excessive de rougir en public.


Préoccupation excessive du regard des autres :


Les personnes atteintes d'éreutophobie sont souvent préoccupées par le regard des autres, anticipant négativement la réaction des personnes autour d'elles. Cette préoccupation peut être liée à une hypersensibilité aux jugements externes, ce qui renforce la peur d'être perçu de manière négative en raison du rougissement.


Hypersensibilité à la honte :


L'hypersensibilité à la honte est un trait psychologique courant chez les individus éreutophobes. La peur d'être embarrassé ou de susciter des réactions de honte peut contribuer à l'évitement de situations sociales, créant ainsi un cercle vicieux où la phobie aggrave l'anxiété.


Facteurs socio-culturels :


Les facteurs socio-culturels jouent un rôle crucial dans le développement de l'éreutophobie. L'assimilation du rougissement à des concepts tels que la culpabilité, le désir, ou la féminité peut influencer la perception personnelle de cette réaction physiologique normale. Par exemple, la société peut attribuer des connotations négatives au rougissement, le reliant à des idées de faiblesse, d'infériorité, ou de manque de maîtrise de soi.


  • Culpabilité : Certains individus peuvent associer le rougissement à la culpabilité, comme s'ils avaient quelque chose à se reprocher, même s'il n'y a aucune raison objective.

  • Désir : La société peut parfois interpréter le rougissement comme un signe de désir, créant une gêne chez ceux qui craignent d'être mal compris ou jugés à tort.

  • Féminité : Les stéréotypes de genre peuvent également jouer un rôle, associant le rougissement à des caractéristiques considérées comme féminines, ce qui peut être source d'inconfort pour certains individus.


En somme, l'éreutophobie résulte souvent d'une combinaison complexe de facteurs psychologiques, tels que le manque de confiance en soi et l'hypersensibilité à la honte, ainsi que de facteurs socio-culturels qui influent sur la perception du rougissement dans la société. La prise en compte de ces aspects dans l'approche avec l'hypnose est essentielle pour aider les individus à surmonter cette phobie sociale.


Représentation schématique du processus cognitif associé à l'éreutophobie :


Déclencheurs :


  • Situations sociales : La personne éreutophobe se trouve dans des situations sociales qui peuvent déclencher l'anxiété.

  • Pensées négatives antérieures : Des pensées négatives liées au rougissement, provenant d'expériences passées ou de croyances personnelles, peuvent également être des déclencheurs.


Cognition anticipatoire :


  • Anticipation du rougissement : L'individu commence à anticiper et à redouter le rougissement, envisageant mentalement cette réaction physiologique.

  • Pensées catastrophiques : Des pensées catastrophiques sur les conséquences du rougissement, comme le jugement des autres, la honte, ou l'évitement social, peuvent émerger.


Activation émotionnelle :


  • Anxiété : L'anticipation du rougissement déclenche une forte réaction émotionnelle, généralement sous la forme d'anxiété sociale intense.

  • Activation du système nerveux sympathique : Le système nerveux sympathique est activé, contribuant au rougissement réel ou anticipé.


Comportements d'évitement :


  • Évitement des situations sociales : Pour prévenir le rougissement redouté, l'individu peut commencer à éviter activement les situations sociales, limitant ainsi sa vie sociale.

  • Tentatives de contrôle : Des efforts pour contrôler le rougissement, tels que la retenue de l'expression émotionnelle, peuvent également être mis en place.


Renforcement du cycle :


  • Évitement renforce l'anxiété : L'évitement des situations sociales renforce la croyance que le rougissement est à craindre, contribuant ainsi à maintenir le cycle de l'éreutophobie.

  • Contrôle inefficace : Les tentatives de contrôle du rougissement peuvent souvent échouer, accentuant le sentiment de perte de contrôle et augmentant l'anxiété.


Perceptions négatives de soi :


  • Faible estime de soi : Les expériences d'évitement et de rougissement perçu comme négatif peuvent contribuer à une faible estime de soi, renforçant ainsi les pensées négatives associées à l'éreutophobie.


Cycle répétitif :


  • Répétition du schéma : Au fil du temps, ce schéma cognitif devient un cycle répétitif, renforçant l'éreutophobie et maintenant l'anxiété sociale.


Cette représentation schématique illustre comment les pensées anticipatoires, les émotions, les comportements d'évitement et les perceptions de soi interagissent pour maintenir et aggraver l'éreutophobie. La compréhension de ces étapes peut orienter les interventions durant l'hypnose pour briser ce cycle et aider l'individu à surmonter ses craintes sociales.


Il semble exister deux formes d'éreutophobie : l'une chez des personnes timides ayant d'autres phobies sociales, et l'autre se manifestant plus tardivement chez des individus non timides mais sensibles au rougissement, développant une obsession de ce signe d'émotivité perçu comme une faiblesse.


Diagnostic et évaluation :


Le diagnostic de l'éreutophobie nécessite l'intervention d'un professionnel de la santé. L'échelle de mesure QES (Questionnaire d'Éreutophobie de la Salpêtrière) peut être utilisée pour évaluer la sévérité du trouble, avec un score supérieur à 6 indiquant la présence de l'éreutophobie et un score supérieur à 12 indiquant une forme sévère.


Traitement par l'hypnose :


L'hypnose, en tant qu'approche thérapeutique complémentaire, peut également offrir des résultats encourageants pour les individus confrontés à l'éreutophobie. Cette technique implique l'induction d'un état de relaxation profonde, permettant au thérapeute d'accéder à l'inconscient du patient. Au cours des séances d'hypnose, le professionnel guide le patient à travers des suggestions positives et des visualisations, visant à transformer les pensées négatives associées au rougissement.


L'hypnose peut être particulièrement utile pour explorer les racines psychologiques de l'éreutophobie, en identifiant et en modifiant les croyances limitantes ou les schémas de pensée qui alimentent la peur de rougir en public. En renforçant la confiance en soi et en encourageant une perception plus positive de soi-même, l'hypnose contribue à réduire l'anxiété sociale liée à l'éreutophobie.


L'hypnose utilisée comme une stratégie thérapeutique pour traiter l'éreutophobie peut cibler ces aspects psychologiques et émotionnels associés à cette phobie sociale. Voici comment l'hypnose peut être intégrée dans le traitement de l'éreutophobie :


  1. Réduction de l'anxiété : L'hypnose vise souvent à induire un état de relaxation profonde. En induisant un état hypnotique, le thérapeute peut aider le patient à atteindre un niveau de relaxation qui réduit l'anxiété associée à l'éreutophobie. Cela peut être particulièrement bénéfique pour diminuer la réactivité émotionnelle anticipée liée à la peur de rougir.

  2. Exploration des racines psychologiques : Pendant l'état hypnotique, le thérapeute peut guider le patient à explorer les racines psychologiques de son éreutophobie. Cela peut inclure la recherche de souvenirs passés, d'expériences traumatiques ou de croyances limitantes qui contribuent à la phobie. En explorant ces aspects, l'hypnose peut aider à identifier et à remédier aux causes sous-jacentes.

  3. Restructuration des pensées : L'hypnose peut être utilisée pour aider le patient à restructurer ses pensées négatives associées au rougissement. En remplaçant les pensées catastrophiques par des pensées plus positives et réalistes, l'hypnose peut contribuer à changer la perception du rougissement et à réduire l'anxiété anticipatoire.

  4. Renforcement de la confiance en soi : L'hypnose peut être un outil efficace pour renforcer la confiance en soi. En suggérant des pensées positives et en renforçant les aspects positifs de la personnalité du patient, l'hypnose peut aider à développer une image de soi plus positive et à atténuer les sentiments d'infériorité associés à l'éreutophobie.

  5. Désensibilisation : L'utilisation de l'hypnose peut inclure des techniques de désensibilisation systématique, où le patient est guidé pour imaginer graduellement des situations sociales tout en maintenant la détente. Cette approche vise à réduire la réactivité émotionnelle face aux stimuli qui déclenchent l'anxiété.

  6. Apprentissage de l'auto-hypnose : L'apprentissage de l'auto-hypnose peut être une composante essentielle du traitement. Cela permet au patient d'utiliser des techniques d'auto-hypnose en dehors des séances thérapeutiques, renforçant ainsi les bénéfices de la thérapie dans la vie quotidienne.


Traitement avec l'EMDR :


L'EMDR est une modalité thérapeutique qui s'est avérée particulièrement efficace dans le traitement de l'éreutophobie. Cette approche novatrice se concentre sur la désensibilisation et la reprogrammation des réponses émotionnelles associées aux expériences traumatiques. Pour les personnes souffrant d'éreutophobie, l'EMDR offre une exploration approfondie des événements passés susceptibles d'avoir contribué au développement de cette phobie.

Au cours des séances d'EMDR, le thérapeute guide le patient à travers des mouvements oculaires spécifiques tout en explorant les pensées ou les souvenirs liés à la peur de rougir en public. L'objectif est d'atténuer les émotions négatives associées à ces souvenirs et de favoriser une nouvelle compréhension, ainsi qu'une réaction moins intense aux situations sociales. Des études ont démontré que l'EMDR peut significativement réduire les symptômes de phobies sociales, incluant l'éreutophobie.


Bien que des résultats positifs aient été rapportés avec l'utilisation de l'EMDR et de l'hypnose pour traiter l'éreutophobie, il est important de souligner que ces approches nécessitent l'expertise de professionnels. Chaque individu est différent et réagit différemment à l'hypnose, et la personnalisation de l'approche thérapeutique demeure essentielle pour maximiser les bénéfices. La consultation d'un professionnel de la santé est fortement recommandée pour déterminer la meilleure stratégie de traitement en fonction des besoins spécifiques de chaque personne.



 

Validation du questionnaire d’éreutophobie de la Salpêtrière


Objectif : Étudier les principales caractéristiques psychométriques du questionnaire d’éreutophobie de la Salpêtrière (QES) auprès d’un échantillon clinique et non clinique.


Méthode : Trois groupes, constitués de patients souffrant de phobie sociale (PS) (n= 212), de patientssouffrant d’autres troubles anxieux (n= 146), et de participants de la population générale (n= 171), ont étéétudiés. Ils ont rempli le QES ainsi que plusieurs échelles de symptomatologie anxieuse et dépressive. Lediagnostic d’éreutophobie était posé selon des critères standardisés et évalué sur une échelle d’impression clinique globale.


Résultats : La structure factorielle de l’échelle QES est claire, un seul facteur expliquant 83,9 % du scoretotal, et son coefficient de cohérence interne alpha s’élève à 0,96. Le score du QES est corrélésignificativement à une hétéro-évaluation dimensionnelle de la peur de rougir (rho = 0,91) et à des mesures dePS (rho = 0,23 à 0,55). La moyenne des scores au QES est plus élevée dans le groupe des patients avec PS,et encore supérieure dans celui des patients avec éreutophobie. Un score de 7 sur 24 permet de dépisterl’éreutophobie avec une sensibilité de 92,1 % et une spécificité de 87,7 %. La stabilité test–retest du QES à15 jours d’intervalle est satisfaisante (CCI = 0,83).


Conclusion : Le QES est un outil valide et sensible pour dépister et mesurer l’intensité de l’éreutophobie, qui peut être utilisé dans des études psychopathologiques et thérapeutiques sur cette pathologie.


Salpêtrière Erythrophobia Questionnaire Validation


Objective : To study the main psychometric characteristics of the Salpêtrière Erythrophobia Questionnaire (SEQ) in a clinical and non-clinical sample.


Method : Patients with social phobia (SP) (n= 212), patients with other anxiety disorders (n= 146),and participants from the general population (n= 171) were distributed in the 3 study groups. They completed the SEQ as well as several anxiety and depression scales. Erythrophobia was diagnosedaccording to standardized criteria and assessed using the Clinical Global Impression Scale.


Results : The SEQ scale factor pattern is clear, with only 1 factor explaining 83.9% of total score anda Cronbach’s alpha consistency coefficient of 0.96. The SEQ score is significantly correlated to adimensional hetero-evaluation of the fear of blushing (rho = 0.91) and SP measures (rho = 0.23 to0.55). The SEQ mean score is higher in the SP group and even higher in the erythrophobia group. Ascore of 7 out of 24 makes it possible to identify erythrophobia with 92.1% sensitivity and 87.7%specificity. The SEQ test–retest reliability at 15-day interval is satisfactory (ICC = 0.83).


Conclusion : The SEQ is a valid and sensitive tool to screen and measure erythrophobia. It can beused in psychopathological and therapeutic studies of this pathology.


Pelissolo A, Lobjoie C, Montefiore D.

Validation du questionnaire d’éreutophobie de la Salpétrière.

The Canadian Journal of Psychiatry. 2010;55(9):610-614.

doi:10.1177/070674371005500910

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